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Contes de Baba Lune
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Contes de Baba Lune
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18 juillet 2023

Les 7 fées et le miroir aux fées

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En ces temps reculés, il était, 7 fées, toutes jeunes puisque l’aînée avait tout juste 350 ans.

     Comme le petit peuple, elles avaient décidé de vivre à l’abri du regard des hommes. Elles ont cherché un lieu calme et serein. Elle l’on trouvé au cœur de la forêt de Brocéliande. Près d’un vallon traversé seulement par les animaux, le chant des oiseaux et le gargouillis d’un ruisseau. Là, où il s’évasait en forme de petit lac, elles ont décidé de s’installer. Et pour ne pas risquer de croiser un humain, c’est au fond des eaux, qu’elles ont bâti leur maison. Quand tout a été prêt, elles se sont réunies, elles ont fait le serment solennel, qu’à partir de ce jour, jamais, plus jamais elles ne se montreraient aux humains.

les 7 fées retouch redim

C’est ce qui s’est passé. Pour ne croiser aucun humain, tant que le soleil brillait elles restaient dans la maison sous les eaux. Quand la nuit venait, elles sortaient pour prendre l’air et pour étudier.

Chacune avait sa magie, sa spécialité : l’aînée scrutait les étoiles, y cherchant la signification du monde, la seconde trouvait dans les eaux, la mémoire de la terre. La troisième s’intéressait aux plantes, la quatrième aux animaux, la cinquième écoutait le souffle des arbres, la sixième s’adressait à la lune

Et la septième?  Curieuse  de tout, elle avait envie de tout connaître. Chaque soir, elle suivait une de ses sœurs, apprenant tout avec frénésie. Si bien qu’en quelques dizaines d’années elle était devenue la plus puissante des fées. En elle seule, il y avait la magie de ses six sœurs réunies.

Elles ont vécu ainsi, tranquilles pendant des siècles, sans qu’aucun homme, jamais ne se doute de leur présence au fond du lac.

Mais un millénaire c’est long, nous, humains, ne le sauront jamais mais, la fée jeunette, elle, s'ennuyait. Toujours enfermée, ce n’était pas une vie ! Elle devenait morose, ne parlait plus à ses sœurs.

Pour tromper son ennui, parfois, elle sortait et nageait sur le dos, juste sous la surface de l’eau, profitant des rayons du soleil.

 

Un jour qu’elle nageait ainsi, elle entend un bruit étrange s’approcher, comme le pas d’un animal et un raclement métallique sur la pierre. Curieuse, elle s’approche du bord. Juste au-dessus d’elle, un cheval s’abreuve. Soudain son cœur de fée, s’accélère, à côté de la monture, un homme se penche pour se rafraîchir le visage.

Un homme ? Mais existent-ils encore ? Font-ils encore la guerre ? Mille questions lui brûlent les lèvres.

« Non, non, j’ai promis de ne pas me montrer » Mais ce jeune homme n’a pas l’air bien méchant !

La curiosité est bien son plus grand défaut. Bravant le serment, elle prend l’apparence d’une belle jeune femme et sort de l’eau devant le jeune homme. Lui, reste un long moment hébété, ébahi par tant de grâce et de beauté, autour l’air semble scintiller : il est sous le charme. La fée le trouve bien mignon ce jeune chevalier, il a fort belle allure. Elle le questionne, lui bafouillant tente de lui répondre, il voudrait bien lui plaire !

Ce qui manifestement advient, car elle l’entraîne dans une longue promenade au cœur de la forêt. Ils y sont restés toute la journée, jusqu’à leur retour au bord du lac.

La fée a vu alors que le soleil disparaissait derrière la colline : vite, vite rentre chez toi, il ne faut pas que mes sœurs te voient. Déçu, mais docile le jeune homme remonte sur son cheval et s’éloigne. Mais elle le rappelle en lui faisant promettre de revenir le lendemain, même heure, même lieu. Il promet

 

Il était grand temps car les sœurs s’apprêtaient à sortir. Elle toute guillerette, embrasse l’une, donne une fleur à l’autre, chantonne puis fatiguée, s’endort sur un grand fauteuil.

Les six sœurs se regardent, ce n'est pas normal, il s’est passé quelque chose !

Elles forment alors un grand cercle autour de la jeune fée endormie et avec leur magie, elles lisent dans son esprit.

Elles découvrent avec horreur la vérité « Un homme, elle s’est montrée à un homme et l’a laissé repartir, quelle idiote, c’en ai fini de notre tranquillité ! non, ça ne se passera pas comme ça ! » Elles reforment le cercle et endorment profondément la jeune fée, pour toute la nuit et le jour suivant.

 

Le lendemain, quand le jeune homme est de retour, dans ses plus beaux atours, pressé de la revoir, ce n’est pas la douce qui l’accueille.

Des buissons sortent les six sœurs qui se précipitent, le jettent au sol et l’étranglent, proprement. Le laissant là, au bord du lac, elles disparaissent au fond de l'eau. Personne ne doit savoir !

 

A la fin de la journée, la jeune fée, se réveille. A la lumière, elle comprend vite que la journée a passé. Son rendez-vous, son chevalier ! Elle court, nage et …sur la berge, découvre le corps sans vie.

Elle le prend dans ses bras, le serre sur son cœur et voit les traces sur son cou. On l’a assassiné ! Qui a fait ça ? Elle se redresse, remplie de colère, qui ? Elle interroge les oiseaux, qui ? Elle hurle. Effrayés, les oiseaux s’envolent. Qui ? les arbres en chuchotant lui disent la vérité. Ce sont les sœurs, mais c’est de sa faute, elle avait juré !

Elle n’écoute plus, replonge sous le lac et court vers sa vengeance.

 

Cette nuit -là, l’étang va bouillonner, la terre va trembler, la vallée va gronder, secoués par la magie puissante qui se déchaîne.

Au petit jour, tout s’est calmé. Dans la demeure, la jeune fée se tient debout devant ses six sœurs pétrifiées, paralysées par la magie. Sans aucune pitié, elle sort de ses cheveux sa grande épingle qu’elle plonge dans leur cœur, une à une. Puis elle recueille un peu de sang de chacune d’elle, y joint une goutte de son propre sang, y ajoute quelque plante de son secret, et retourne près du jeune homme. Elle lui verse goutte à goutte, entre les lèvres, cette potion sanguine.

 

Bientôt la poitrine du jeune homme se gonfle et un souffle sort de sa bouche, il ouvre les yeux. Elle le sert, l’embrasse, l’étreint et... l’entraîne avec elle, loin de ce lieu maudit. A partir de ce jour, elle décide d’aller vivre, avec lui, femme parmi les hommes.

On ne sait ce qu’ils sont devenus, heureux ou malheureux ?

Mais l’histoire ne s’est pas terminée là, car, au fond de l’eau, il y a six fées du petit peuple qui saignent. De leur cœur va s’écouler goutte à goutte ce sang, au cours des siècles. Tant et tant, que le lac va déborder et cette eau rouge imprégner des jours, des mois, des années durant, les collines et les bois alentours.

C’est pour cela ; qu’aujourd’hui encore, en ce pays de Brocéliande, la pierre et la terre demeurent rouge, du sang des six fées de ce petit étang qu’on nomme le miroir aux fées.

 

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