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Contes de Baba Lune
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Contes de Baba Lune
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27 octobre 2021

DO, RE, Mi...

Atelier d'écriture ...

DO, RE, MI... FA,MI,RE...

210721 285 072

Je marche sur les chemins de l’île. J’aime la parcourir en tous sens.

Je la connais comme ma poche, mon île, et ce soir je savoure le silence du soleil couchant.

Bientôt, des nuages bas envahissent le ciel, bouchent brutalement l’horizon. Un coup de vent monstrueux me bouscule, je me retrouve cul par-dessus tête. Des trombes d’eau s’abattent sur la terre autour de moi. J’ai du mal à respirer, je m’affale dans les flaques. Trou noir...

Je me réveille, trempé, assommé, j’émerge avec difficulté et…un indicible malaise ?

Regardant autour de moi, plus rien n’est comme dans mon souvenir, plus d’horizon. Le temps semble s’être retourné.

Devant Rivedoux, je reste coit. La plage de la Vaseuse, porte bien son nom, je patauge.

La Vaseuse était la patronne du bar des Goguettes de ma jeunesse. Là, on descendait des p’tits blancs plutôt raides, comme des p’tits clous !

Je m’enfonce dans un brouillard épais, et je patauge toujours, entre les Deux chemins. Je peine à retrouver la plage de la Flotte, la bien nommée. Je crois être arrivé aux Pierrotschoux, chez mon vieux copain Pierrot quand, soudain, émergeant des nuages, la prison Saint Martin, avec ses murailles noires et dénudées, menaçantes, me font frissonner. Elles sont bien là !

Mais en face, plus de côte continentale, tout disparait dans le brouillard. Je retrouve avec peine, le passage sur le Pas des bœufs. Mais que s’est-il passé ? Je veux retrouver cette bonne vieille Couarde, là où on faisait Mouille-pieds, en passant par les Folies, les soirs de pleine lune, avant de s’engager dans les vieilles rues silencieuses. Mais là aussi, plus rien, désolation, j’entrevois à peine le grand marais de la Fasse de Loix.

J’arrive pourtant à traverser, en sautant de pierre en pierre, de débris en débris, de fossé en fossé, pour arriver sur ce qui aurait dû être le Moulin à Marées et reste en arrêt devant l’Abbaye… rasée.

Le Peux, ce qu’il en reste fait l’effet d’une véritable Déramée. La pointe n’est plus une pointe, L’âne ne pourra plus se faire botter le cul !  Je erre sur les pas, ceux du Contrordre, du Malheureux.

Je fais demi-tour, harassé, je ne sais plus où je suis ! Je sens l’odeur du Fier d’Ars, je sais que de l’autre côté, Ars, Les portes, St Clément se tiennent, (se tenaient ?) entourées de toutes ces villas de Parisiens, traversées par toutes ces pistes cyclables. Plus de Banc du Bucheron pour regarder le soleil couchant sur la réserve naturelle.

Je repars, les yeux pleins de larmes. J’arrive sur ce que je crois être le pas du Boutillon, bordant les parcs et les marais salants. Mais je sais déjà que je ne retrouverai plus jamais la Clé, pour faire la Route des Moulins, notre rue de la soif, sans Tricherie, quand on enquillait, les uns après les autres, canon après canon, Le Moulin Rouge, Le Moulin Daniel, le Moulin Robert et le Moulin Bouthier !

Jusqu’à la Conche des Baleines, comme un Zombie, je patauge, en mode automatique, puis jusqu’au Phare. Et là, dans la brume épaisse, je crois halluciner. Face au Phare des Baleines, des centaines de baleines, immobiles, semblent attendre. Le temps est comme suspendu, je retiens ma respiration, mais… Rien ne se passe. J’aurais voulu… Mais … Quoi ?

Je me laisse envahir par les souvenirs. Là, aux Portes, mes vieux amis, le p’tit Marchais et le grand Marchais, sur L’aile de peu de foi, faisaient la bamboche dans la vigne à Madame, pleins d’insouciance, et puis, on allait dans le Bois de Trousse chemise, et jusqu’à la plage de la Patache.

Où sont-ils donc ? emportés par les flots ? La mort dans l’âme, à petits pas, je erre dans les ruines de ma jeunesse, resserrant mon ciré déchiré autour de moi. L’air est lourd, dense, irrespirable.

Pourtant, on le savait que ça arriverait, on le savait, pourquoi on n’a rien fait ?  Pourquoi ?

Je ne sais plus si je suis dans le temps présent, dans le passé, dans le futur ? Je cauchemarde.

Au Bout d’un long moment, je me retrouve sur ce qui semble être la pointe des Sablanceaux. De la brume, émerge le pont, intact, dans un silence pesant, qui redescend vers la pointe de la Repentie.

Un petit rafiot semble attendre, je monte dedans, le rameur se retourne vers le large, et la barquasse s’enfonce dans le brouillard cotonneux. Pour ressurgir quelques minutes plus tard, devant le port de La Pallice. Je débarque et là, bouche bée, je contemple le port, inchangé, industrieux et bruyant.

Je me retourne, interrogeant mon guide du regard. Mais le conducteur et la barque s’éloignent déjà dans le brouillard. J’ai la nette impression de savoir qui il est celui-là, pourtant.

Mais, sur quelle rive suis-je descendu ?

ile de Ré - aujourd'hui

                                                                                         Maïck Conteuse

                                                                                              10/2021

 

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