Après moi, le déluge...

Version mythologique et très personnelle, du déluge

	Au commencement du commencement, dans les temps dont nul ne se souvient, la terre était nue.
	Pour y remédier, les dieux se sont mis en tête de créer  toutes les espèces végétales. Le silence était encore trop épais. Les Dieux ont alors créé toutes sortes d’espèces vivantes pour peupler cette terre.   Mais cela ne suffisait pas, il fallait donner à toutes, les capacités de survivre, les ailes, les crocs, la fourrure...mais arrivé à l’homme il ne restait plus grand chose à lui offrir, et que donner à cet être tout nu et mal fini
	Prométhée a alors eu une idée. Il est allé voler le feu et l’a donné aux hommes, fâchant ainsi Zeus, le roi des dieux.   Les hommes ainsi pourvus ont pu se procurer toutes les ressources nécessaires à leur survie. Zeus a fini par laisser faire et leur a même permis de bénéficier de ses largesses.
	Jusqu’au jour où ils sont allés trop loin !   Arrogants, détruisant tout sur leur passage, ils ont laissé la terre dans un tel état, que Zeus a fini par se fatiguer de réparer leurs bêtises. Dans un coup de colère, il a décidé de supprimer les hommes.
	Au grand conseil des Dieux, Zeus, le Dieu des Dieux, a fait sa proposition. En fait ce n’était pas une proposition mais une décision unilatérale, irrévocable. Et oui, Zeus n’était pas un modèle de démocratie.    La plupart des Dieux a fini par dire Amen. Mais, ils ont tous dit qu’ils regretteraient la disparition des humains. Ces hommes étaient une sacrée source de distraction quand même ! Zeus, dans sa grande bonté, a promis que, après la destruction de ceux-ci, une race d’homme, nouvelle, meilleure, pourrait, éventuellement, renaître.
	Le Dieu des dieux a donné ses ordres.   Il a enfermé les vents doux, aimables et ceux capables d’écarter les nuages; puis, il a lancé Notos, le vent du sud, à l’assaut de la terre. Notos a étendu ses ailes humides, secoué sa barbe et sa chevelure ruisselantes, tandis que de la main, il pressait, il essorait les nuages. Des trombes d’eau se sont déversées et leur fracas a empli l’air.
	Pendant ce temps, Poséidon, roi de la mer, frère de Zeus, se déchaînait.Il rugissait, hurlait, soulevait de son trident, des vagues hautes comme des montagnes. A son appel, les fleuves sont sortis de leur lit et bientôt une immense plaine liquide s’est étendue à perte de vue, recouvrant champs, villages, forêts, collines et même les temples sacrés des Dieux, emportant dans ses remous, hommes et bêtes, moissons et maisons, troncs d’arbres et débris divers.   Seuls, voletaient quelques oiseaux mais, comme ils n’avaient rien à manger, rien pour se poser, ils finissaient par tomber à l’eau, épuisés.
	Dans cet immense champ de désolation, pourtant, quelque chose, flottait au gré des vagues et des courants. Une sorte de grosse pomme de terre, comme une forteresse totalement hermétique. Elle était habitée par seulement deux personnes, Pyrrha et son mari, Deucalion.   Pyrrha, fille de Pandore avait épousé Deucalion, fils de Prométhée le Titan. Prométhée avait une tendresse pour sa belle-fille qui n’était pas responsable des bêtises de sa mère. Il a alors averti les deux amoureux, des projets de Zeus.
	Peut être pouvait on sauver ces deux là ? Sur les conseils de Prométhée, ils ont construit une embarcation, solide, en bois d’Acacia et s’y sont enfermés tous les deux, attendant la suite avec terreur. Pyrrha avait l’habitude d’être confrontée aux malheurs du monde. Elle a supporté sans rien dire mais Deucalion, enfant choyé, n’en menait pas large, pleurnichait, restait prostré, tempêtait. Pyrrha, plutôt patiente d’habitude, a fini par s’isoler au bout de l’embarcation et l’a laissé s’énerver. Ils auraient fini par se fâcher vraiment ...
	Mais, au bout d’un long moment, qui leur a paru une éternité, la colère de Zeus s’est apaisée. Notos, le vent du sud est rentré dans ses foyers. Poséidon, avec sa trompe a ordonné à la mer et aux fleuves de se retirer. Zéphyr le vent d’ouest, Euros le vent d’est, Borée le vent du Nord, ont dispersé les nuages et les eaux ont commencé à refluer.   Doucement, le vaisseau de Pyrrha et Deucalion s’est posé sur le sommet du mont Parnasse.
	Timidement, Pyrrha est sortie. Deucalion n’avait aucune envie de sortir, persuadé que c’était une ruse. Puis comme il l’a voyait avancer autour du bateau, pas très rassuré, il l’a suivie.    Ils ont regardé autour d’eux. Ce n’était que destruction et désolation. Des arbres déracinés, flottaient encore, dépouillés de leurs feuilles, recouverts de boue.   Dans la plaine marécageuse, on apercevait des ruines de villages, des cadavres d’animaux. Pas âme qui vive. Pas le moindre bruit !
	Ils sont tombés dans le bras l’un de l’autre, en larmes, se réjouissant d’être encore l’un avec l’autre, mais seuls, si seuls. Non, ce n’était pas envisageable d’être les seuls survivants. Comment poursuivre une vie dans cette solitude ! Ah ! s’il pouvait faire comme Prométhée son père, fabriquer un homme avec de l’argile ! mais lui Deucalion n’en était pas capable. Hélas, elle, Pyrrha, que pouvait elle proposer ? elle n’avait hérité que de tous les maux de la terre, répandus par sa mère Pandore. Après bien des lamentations, ils se sont approchés de ce qui avait été le temple de Thémis, la déesse de la justice. Peut-être, entendrait-elle leur plainte et pourrait-elle faire quelque chose ?   Ils ont supplié, pleuré, comment faire renaître la race humaine et réparer toutes ces pertes ? Pas de réponse. Dans le silence, ils se sont endormis, l’un contre l’autre.
	Emue, la Déesse a lancé un oracle a leur réveil : « Eloignez-vous du temple, lancez derrière vous, sans vous retourner, les os de votre grand-mère »   Ils sont restés hébétés, cette énigme, les a torturés un bon moment.   Comment jeter les os de sa grand-mère ?   Comment retrouver ses os dans cette désolation ?  Comment ne pas offenser grand-mère morte depuis si longtemps ?
	Grand-mère ? qui est -ce ? Grand-mère, la mère de Pandore? Pyrrha ne savait pas qui elle était, ou bien celle de Prométhée le Titan ?   Celle de Prométhée c’est Gaïa, La terre. Grand-mère c’est la terre, mais oui ! Deucalion un peu vexé de n’y avoir pas pensé s’est montré sceptique.   Mais et les os ? Ah oui les os ? Les yeux perdus sur l’horizon dévasté. Ils ont tourné en rond pendant un moment, ressassant la question. Leurs regards n’accrochaient plus rien à part quelques rochers, émergeant de l’eau.   Rien, aucune idée !
	Ils n’avaient rien à faire, alors comme deux enfants qui s’ennuient, Pyrrha a tapé du pied dans les cailloux, les a ramassés pour les jeter dans la boue. Deucalion s’est mis à l’imiter, pris d’une colère subite.    Là, Pyrrha l’a arrêté : Mais, les cailloux, c’est peut-être ça !
	Elle en a jeté un dans son dos, puis deux, puis trois    Et là …Deucalion a vu que, à chaque pierre lancée par Pyrrha, naissait une femme.    Pris de frénésie, il s’est mis à jeter, lui aussi, des pierres dans son dos et à chaque pierre lancée par lui, naissait un homme.  C’est ainsi que la terre s’est repeuplée après le déluge.
	Mais il semble que personne n’ait dit à Pyrrha et Deucalion d’arrêter de jeter les cailloux !    C’est pourquoi la terre est surpeuplée et que cette nouvelle race humaine ressemble tant à la précédente.